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Restaurer la beauté



La beauté recèle une magie. La beauté d'un paysage, d'une fleur, d'une musique fait instantanément du bien. Elle réconforte, émerveille, éveille les sens, procure du plaisir, crée du lien, modifie la respiration, fait sourire, invite au présent. Les neurosciences ont démontré son impact sur le cerveau (activation du système du plaisir et de la récompense, de l'empathie, des neurones miroirs...) qui modifie positivement notre état d'être. La beauté soigne. Et plus encore, elle est une condition même de notre santé. Pour les Navajos, la maladie résulte d’un équilibre rompu avec la beauté, une beauté-harmonie présente au cœur de tout ce qui constitue la vie.

Alors qu'en la beauté, puissions-nous marcher.

(Photo ©Pascale Jourakovsky)

 

La beauté qui soigne

Une émission de radio diffusée sur France Culture, « La beauté qui soigne », témoignait de l'impact positif de la beauté sur le cerveau et par conséquent sur le mieux-être des patients. La beauté de la nature, d’un tableau, d'une musique, comme autant de portes ouvertes vers un présent inspirant et source de bienfaits : sécrétion de neurostransmetteurs du bien-être, stimulation de la mémoire, atténuation de la douleur... Notre cerveau, et par là tout notre être entre en résonance avec la beauté. "Sans beauté la vie n’a plus de sens. Tout ce qui peut nous rendre lumineux ou nous donne envie de vivre protège des maladies." "A l’origine la médecine a toujours été très ouverte à l’art. Dans toutes les cultures avant ces derniers siècles, les médecins ont toujours été des musiciens. L’art et la beauté ont toujours eu une grande importance dans le soin. Elle s’est fermée depuis la fin du XVIIIème siècle." Pierre Lemarquis, neurologue et auteur notamment de "l’Empathie esthétique" et de "Portrait du cerveau en artiste".

S'immerger dans la beauté, état d'Hozho

Pour les Navajos, être en bonne santé, c’est être en état d’Hozho. Un terme qui désigne un cercle symbolique à l'intérieur duquel se trouvent à la fois la beauté, la santé, l’harmonie, la joie, la conscience, la compassion, la prospérité et l'humour. Les Navajos emploient rarement ce mot seul, dans les prières rituelles, ils disent « shil hozho » (avec moi il y a de la beauté), « shii hozho » (en moi il y a de la beauté) ou encore « shaa hozho » (de moi la beauté irradie). La beauté n’est pas de l’ordre de l’appréciation, elle désigne une qualité de présence, une conduite, une façon d’être au monde, respectueuse et responsable. C’est de la responsabilité de l’être humain de maintenir l’équilibre et l’harmonie avec son environnement. C’est également de sa responsabilité de changer son regard sur la vie afin d’y déceler la beauté dans tout ce qui l’entoure et cultiver ainsi l’émerveillement et la gratitude.

Extrait d'une prière de guérison Navajo :

Qu’en la beauté, je marche.

Que toute la journée, je marche. Qu’à travers le passage des saisons, je marche. Que sur la sente saupoudrée de pollen je marche. Qu’avec des sauterelles autour de mes pieds, je marche. Qu’avec la rosée autour de mes pieds, je marche. Qu’avec la beauté, je marche Qu’avec la beauté devant moi, je marche. Qu’avec la beauté derrière moi, je marche. Qu’avec la beauté au-dessus de moi, je marche. Qu’avec la beauté tout autour de moi, je marche. Dans la vieillesse, que je marche allant plein de vie sur une sente de beauté. Dans la vieillesse, que je marche allant sur une sente de beauté, vivant à nouveau. Cela finit dans la beauté. Cela finit dans la beauté.

Comment restaurer l'état de santé-beauté ?

La légende dit "Un jour, l'homme blanc demandera à l'homme rouge de l'aider à se souvenir comment revivre en harmonie avec la nature."

Ouvrir ses sens

Avoir les sens en éveil permet d'établir une relation différente avec son environnement. Nous sommes généralement déconnectés de notre corps, beaucoup trop perchés dans des considérations mentales. La nature s'avère être un excellent terrain d'expériences : marcher pieds nus dans la terre, se baigner dans une rivière, sentir les odeurs de la forêt, écouter le chant des oiseaux, s'allonger dans l'herbe, sentir la chaleur du soleil sur la peau, regarder les étoiles...

Changer son regard - Cultiver l'humour

Pour percevoir la beauté qui sous tend toute chose, il est nécessaire de modifier peu à peu son regard, de prendre du recul, de se détendre, de dédramatiser et de cultiver une certaine dose d’humour indispensable (en commençant par soi). "On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux." Le Petit Prince


Vivre en poésie

Être en mesure de voir la part de beauté qui nous entoure, ralentir ses pas, écouter, observer, prendre le temps, s'émerveiller, être disponible au moment présent et à son mystère sans volonté d'atteindre quelque chose, sans jugement, juste profiter de l'instant. Loin du pouvoir et du vouloir de la société de consommation, plus proche de la nature. Vivre dans la simplicité du moment. " Être disponible à la vie ", nous dit Alain Cespedes dans cette courte et fantastique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=0RflwBYmGh8


Responsabilité personnelle et collective

Quand l'équilibre est rompu, il est de notre responsabilité de nous mettre en mouvement pour le rétablir. Nous sommes, à titre individuel, responsables de nos actions, de nos pensées et de nos choix de vie. Nous sommes également collectivement responsables. Contrairement à ce que la société actuelle nous propose de vivre, nous fonctionnons bel et bien ensemble, ce qui arrive à l'un, arrive à la communauté toute entière. Le mal-être d'un individu est le symptôme du mal-être de la communauté. L'idée n'est donc pas de désigner un coupable mais de profiter de cette dysharmonie comme une opportunité de guérir le collectif. C'est la raison pour laquelle les soins navajos se déroulent sous forme de cérémonies. Tout est en interdépendance, nous sommes également étroitement reliés à la nature et à l'environnement. L'ensemble ne fonctionne que parce que chacune des parties est reliée aux autres et remplit au mieux son rôle et sa fonction. "L'homme n'a pas tissé la toile de la vie, il n'est qu'un fil de tissu. Tout ce qu'il fait à la toile, il le fait à lui-même." Seattle, chef indien Suquamish

Respect Pour les amérindiens, l’être humain n’est pas au centre de son environnement mais il en fait partie au même titre que les animaux, les végétaux, les minéraux. Il n'est pas supérieur non plus, il est au même niveau. « Selon une autre des Lois de la Nature, toute vie est également respectable. C’est notre philosophie. Vous devez respecter la vie – toute la vie, pas seulement la vôtre. Le mot clé est «respect». Si vous ne respectez pas la terre, vous la détruisez. Si vous ne respectez pas toutes les formes de vie de la même manière que la vôtre, vous devenez un destructeur, un meurtrier. L’Homme croit quelques fois qu’il a été créé pour dominer, pour diriger. Mais il se trompe. Il fait seulement partie du tout. Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être un régisseur. L’homme n’a ni pouvoir ni privilèges, seulement des responsabilités. » Chef Oren Lyons

Rétablir l’équilibre

La santé est une danse d'équilibres à trouver. Ni trop peu ni pas assez, une voie du juste milieu sans cesse mouvante que nous devons expérimenter car l'état d'équilibre peut varier d'une personne à l'autre, selon les saisons, les âges de la vie, les circonstances et modes de vie...

En naturopathie, les grandes sources de déséquilibres sont :

  • L’alimentation (les excès, les carences, les aliments inappropriés ou transformés...)

  • La sédentarité

  • Le stress (physique, psychique, émotionnel, environnemental)

  • Les pollutions

  • La perte de sens, manque de spiritualité


Soigner la relation

Nous sommes des êtres de relation et bien souvent c'est la relation qui nous pose problème. Inversement, c'est aussi elle qui conduit à la guérison quand nous parvenons à trouver le juste placement intérieur et la bonne distance. "Ce qui compte dans la vie, et c'est si évident que l'on s'étonne que cela ne soit pas plus souvent dit, ce sont les relations entre les objets, et non les objets eux-mêmes." Eric Julien "Le patient est guéri lorsqu’il a retrouvé l’harmonie et sa place dans l’univers… même s’il venait à mourir de sa maladie. (...) sans être Navajos, nous pouvons expérimenter que la communion avec la beauté favorise cette sensation d’intégration au macro- et au microcosme. » Pierre Lemarquis (interview par ici : http://www.neosante.eu/pierre-lemarquis-limpact-de-la-beaute-sur-la-sante/) A soi-même : Apprendre à mieux s'aimer et honorer notre beauté intérieure. Des visualisations telles que le sourire intérieur (on sourit à chacun de nos organes en les visualisant plus lumineux et en pleine santé et en les remerciant de faire si bien leur boulot) ou celle du corps paysage (mettre du beau dans les parties du corps qui sont malades et douloureuses comme des forêts, des rivières, un soleil.. ) permettent de s'émerveiller du fonctionnement fabuleux de nos organismes. Avec son environnement : plus on a conscience des interrelations et plus on est respectueux et responsable. Au sacré : pour les Navajos la maladie représente une perte de sacré. En état d'hozho, l'homme est un lien entre le ciel et la terre et il est en lien avec l'environnement. L'état de beauté nécessite d'intégrer la dimension spirituelle et de trouver une façon de la cultiver (émerveillement, silence, sourire, prière, chants, rituels, gratitude).

Gratitude

Chaque jour célébrer la vie, remercier ce qui se présente y compris les difficultés qui nous font grandir. Cultiver la douce joie, la reconnaissance, chanter, danser, sourire, donner, partager... La pratique d'ho'oponopono (de nombreux livres existent sur le sujet) est à découvrir.

"Quand tu te lèves le matin, remercie la lumière du jour, pour ta vie et ta force. Remercie pour la nourriture et le bonheur de vivre. Si tu ne vois pas de raison de remercier, la faute repose en toi-même." Tecumceh, chef shawnee

A lire :

  • "Sagesses d'ailleurs pour vivre aujourd'hui" de Frederika Van Ingen aux éditions les Arènes.

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